(Paris, 1934 – Marseille, 2019)

Né en 1934 à Paris, Michel Haas étudie la philosophie, qui occupe une place importante dans son oeuvre, tout comme la peinture de la Renaissance qu’il étudie intensément. Son œuvre se nourrit également des nombreux voyages en solitaire qu’il effectue dans des contrées reculées du monde, où il découvre les arts premiers et les figures du paléolithique, libérées de tout cadre. Il est marqué, à 18 ans, par la découverte de la grotte de Lascaux.

Intemporelle, la peinture de Michel Haas célèbre l’humanité la plus simple, la beauté de la nature et l’objet du quotidien. Il explore cette réflexion dans la matière même du papier, fragile et éphémère, qu’il creuse et dépouille jusqu’à traduire une expérience vécue : passant un jour près d’un champ fraichement retourné, il se sent appelé par le dessous de la terre, par son intériorité sous-jacente. « Haas alterne la violence et la douceur, agressions et caresses, provoque ici l’hémorragie, là suture les plaies, aiguise l’éclat du fusain, étouffe la flamme des pastels, jusqu’à ce que le papier, tour à tour trempé, desséché, inlassablement trituré, griffé, labouré, pansé, troué et reprisé encore, prenne la consistance resplendissante et aveugle de « basalte et de lave », comme disait Mallarmé (…) » (Pierre Schneider).

Haas crée uniquement sur papier. Ce traitement de la matière est d’une telle importance que ce dernier indique méthodiquement dans ses archives « technique dans papier » plutôt que « technique sur papier », ce qui induirait à tord une primauté de la représentation sur le creusement de la matière. L’usage simple, immodéré et intime du papier, tour à tour robuste et délicat, devient la page blanche, à la fois convoitée et redoutée. Sans limite d’espace, plan vierge où flottent les sujets sans pesanteur, le papier devient le champ de tous les possibles. Les figures semblent alors lutter contre une dissolution inéluctable.

Michel Haas fut notamment représenté par la galerie Jan Krugier et eut une importante exposition en 1998 au Musée Maillol. Il décède à Marseille en 2019. Depuis 2023, il est représenté par la galerie Dina Vierny.