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Aristide Maillol

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(Banyuls-sur-Mer, 1861 – Banyuls-sur-Mer, 1944)

Aristide Maillol fut l’un des sculpteurs les plus célèbres de son temps. Son œuvre, silencieuse, fondée sur des formes pleines, élaborées à partir de l’étude du nu féminin et simplifiées jusqu’à l’épure, représente une véritable révolution artistique, anticipant l’abstraction. Sa création a marqué le tournant entre le XIXe et le XXe siècles, inspiré nombre de grands artistes, dont Henry Moore, Arp ou Laurens et trouvé une résonance chez Picasso, Brancusi et Matisse. L’œuvre de Maillol a suscité les éloges de grands écrivains, tels Octave Mirbeau et André Gide, ou encore les ouvrages d’éminents critiques d’art, tels Waldemar George et John Rewald.

Maillol a débuté sa carrière dans la peinture et s’est intéressé très tôt aux arts décoratifs : céramique et tapisserie, avant de se consacrer à la sculpture, vers l’âge de quarante ans. Né dans les Pyrénées-Orientales en 1861, il est resté toute sa vie fidèle à ses origines méditerranéennes.

Après des études à Perpignan, il se rend à Paris en 1882 où il vit des années difficiles. Il découvre notamment les tapisseries de La Dame à la licorne au musée de Cluny, et décide d’ouvrir un atelier de tissage à Banyuls. Sa peinture est-elle influencée par ses contemporains, il admire Pierre Puvis de Chavannes, il appartient au groupe des nabis, où il côtoie Bonnard, Vuillard et Maurice Denis, et sa rencontre avec Paul Gauguin, en 1892, est décisive.

L’année 1900 est un tournant dans l’œuvre de Maillol, qui invente un véritable répertoire de formes, préfigurant son œuvre à venir. Ses premières sculptures en bois, puis ses modelages en terre crue ou en argile, Vénus ou baigneuses debout, accroupies, se coiffant, évoquent la statuaire grecque archaïque. La perfection des formes de Léda impressionne Rodin et Mirbeau, ce dernier en fait l’acquisition en 1902, lors de l’exposition à la galerie Vollard à Paris, qui rencontre un grand succès.

Ensuite, lorsque Maillol expose le plâtre de Méditerranée au Salon d’automne de 1905, parmi les peintres fauves, c’est un triomphe. La sculpture, monumentale, représente une femme assise, absorbée dans ses pensées, dont le coude appuyé sur son genou et la tête reposant sur sa main ferment une composition géométrique. André Gide la décrit ainsi : « Elle est belle, elle ne signifie rien, c’est une œuvre silencieuse ». Figure méditative, dont toute expression est absente au profit d’une vision d’ensemble, cette œuvre majeure, lisse, structurée comme une architecture, est emblématique des recherches de Maillol.

Après la mort de Rodin en 1917, auquel on l’a toujours opposé en termes de style, Maillol est considéré comme le plus grand sculpteur français vivant. Ainsi, dans les années 1930, au fait de sa célébrité, Maillol incarne un renouveau de la sculpture et réalise le Monument à Debussy, aux courbes d’une exquise douceur. Dans cette période où il cherche une inspiration nouvelle, il fait la connaissance en 1934 de Dina Vierny, jeune fille qui incarne son idéal en sculpture et qui devient son principal modèle pendant dix ans. À la fois muse, interlocutrice et collaboratrice, elle lui inspire ses dernières sculptures monumentales : La Montagne, en 1937, qui achève le cycle entamé au début du siècle, L’Air, en 1938, monument à la mémoire des aviateurs de l’Aéropostale, puis La Rivière, corps féminin renversé en arrière, qui s’efforce de résister au courant qui l’entraîne inexorablement, et dont le visage exprime l’effroi. C’est la première représentation en sculpture d’une figure sur le dos, en équilibre instable, sorte d’allégorie des temps troublés qui s’annoncent avec la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle Maillol se retire à Banyuls-sur-Mer.

Après deux rétrospectives en 1933, à New York et à Bâle, Maillol voit la consécration de son œuvre lors de l’exposition universelle de 1937 à Paris, où plusieurs salles lui sont dédiées. Il commence sa dernière œuvre en 1940, Harmonie, inachevée, où il atteint le sommet de son art. La silhouette féminine légèrement déhanchée évoque la sculpture médiévale, elle fait la synthèse de toutes ses recherches formelles mais, contrairement aux œuvres précédentes, c’est également un portrait.

L’artiste meurt en 1944 des suites d’un accident de voiture, près de son village natal. Il laisse une œuvre considérable que l’on peut admirer à Paris, en province et à l’étranger. Dans les jardins des Tuileries sont exposées les dix-huit sculptures offertes sous l’égide d’André Malraux, en 1964, par Dina Vierny, qui a créé rue de Grenelle un musée consacré à l’artiste, inauguré en 1995 par François Mitterrand.

Par sa vision synthétique, axée sur l’arrangement des masses et la rupture radicale avec l’art descriptif du XIXe siècle, Maillol, dans son domaine, a ouvert la voie vers l’abstraction, comme Cézanne en peinture. D’emblée Maillol pense à une sculpture de l’immobile et atteint une perfection des proportions, tant pour les statues de petit format que pour celles aux dimensions monumentales. La beauté éternelle de son œuvre, qui s’inscrit dans la lignée de Jean Goujon ou d’Edme Bouchardon et rappelle les figures ornant les bassins, les fontaines et les jardins du château de Versailles, en fait un des plus grands artistes français.

Harmonie
Bronze
155 x 45 x 37 cm

Jeune fille allongée, circa 1925
Fusain et estompe sur papier
51 x 77 cm

Dina à la natte, 1940
Bronze à patine verte
35 x 22 x 40 cm

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