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Ra'anan Levy

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(Jérusalem, 1954 – Paris, 2022)

Une fois libéré de ses obligations militaires après le conflit de 1973, Ra’anan Levy quitte les siens pour partir étudier à l’Académie des Beaux-Arts de Rome. Puis il déménage à Florence pour suivre les cours prodigués dans l’atelier des frères Tovarelli. Il partira ensuite en direction de Paris ou il vivra jusqu’à son décès.

Très tôt, Ra’anan Levy affiche l’obsession de capter les traces laissées par l’homme sur les objets du quotidien, nus, autoportraits, mains, paysages, natures mortes, lavabos, espaces vides, bouches d’égout, ne servant de prétexte qu’à s’interroger sur la fugacité du temps ou la marque de l’humain. Ces thèmes, qu’il traite aussi bien aux pastel, crayon, peinture, qu’en gravure, fonctionnent comme des vases communicants et des cercles concentriques, grâce auxquels augmente le degré de possession symbolique d’une réalité qui s’avère souvent fuyante.

Découvert par le public français lors de sa première rétrospective en France au Musée Maillol à la fin de l’année 2006, son œuvre rencontre un grand enthousiasme. Avec sa peinture aux couleurs pures et aux pigments vifs, quelque part entre Balthus, Freud et Hopper, Ra’anan Levy présente une certaine continuité avec la grande tradition des peintres figuratifs, loin des débats formalistes et conceptuels du modernisme.

Plutôt que de s’appesantir sur les raisons du choix et les interprétations possibles du motif choisi par l’artiste – que lui-même semble plutôt concevoir comme une évidence – il faut plus se concentrer sur l’expression qu’il en donne, sur l’effet produit par l’œuvre, sur la manière qu’a l’artiste de traiter la matière. Car Ra’anan Levy est un poète de la matière et du passage du temps, la figure disparaît dans son travail au profit de la carnation de la matière.

Ses intérieurs déserts révèlent sa solitude et son regard sur le monde qui l’entoure. Seul avec lui-même, il tente de faire de chacun de ses tableaux un espace habitable. Car espace de création et espace de vie sont très intimement liés dans l’œuvre de l’artiste. Il vit par son œuvre, dans son œuvre, pour son œuvre, qu’il nourrit constamment de sa vision très subjective du monde qui l’entoure. Il observe les lieux et les êtres avec une acuité extrême. En ressort une œuvre très personnelle et expressive, où chaque gravure, chaque papier, chaque toile est le résultat d’une aventure obsessionnelle marquée par un tel degré d’engagement et de passion que Ra’anan Levy finit par s’incarner lui-même dans sa peinture.

Angle glissant, 2013
Huile et pastel sur toile
210 x 170 cm

Couloir, 2014
Fusain et pastel sur papier
56 x 75 cm

Mains
Aquarelle et tempera sur papier

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