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Judit Reigl

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Kapuvár (HONGRIE), 1923 – Marcoussis, 2020

Judit Reigl est une peintre qui fut tour à tour surréaliste, abstraite ou figurative.
Arrivée en France en 1950 après huit tentatives clandestines pour franchir le rideau de fer, Judit Reigl retrouve à Paris compagnon d’études aux Beaux Arts de Budapest, Simon Hantaï. Ce dernier l’introduit auprès d’André Breton en 1954 qui, séduit par ses toiles surréalistes, l’invite à exposer à L’Étoile scellée.
Elle s’éloigne ensuite du surréalisme et réalise plusieurs séries marquées par une intense gestualité : ce sont les Éclatements (1955-1958), les Centres de dominance (1958-1959) et les Écritures en masse (1959-1965).
Parallèlement, les toiles ratées sont conservées au sol de l’atelier et foulées, recouvertes des déjections picturales puis reprises, retravaillées : ce sont les Guano (1958-1965), l’équivalent physique et matériel de l’ambition cosmique de ses œuvres gestuelles.
Plus que l’élégance formelle du geste, c’est son authenticité que Judit Reigl recherche, une authenticité qui la mène à une figuration imprévue, faite de torses anthropomorphes – principalement masculins – peints avec force dans une apesanteur située entre l’envol et la chute et occupant toute la surface de ses toiles (Homme, 1966-1972 et Drap-Décodage, 1973). Ce travail culmine avec la série abstraite des Déroulements (1973-1985) où l’artiste approfondit une écriture automatique faite de tracés colorés émergeant par transparence au revers de la toile. Dans ses ultimes séries abstraites des années 1980-1988 réalisées sur le même principe, des rectangles monumentaux apparaissent progressivement, évoquant des « portes » où se glissent des silhouettes humaines (Face à…, 1988-1990). Dans la suite de ces apparitions figuratives, les corps nus se multiplient : ils apparaissent seuls ou en groupes, de face ou en lévitation, mais toujours en silhouette sur fond uni, réduits à l’essentiel de leur être. Ce retour à la figure témoigne d’une obsession constante chez l’artiste : celle de faire du corps – agissant ou représenté – le sujet même sa peinture.

Comme elle l’exprime très bien, « le fondement essentiel de toute démarche créatrice est le désir désespéré de détruire les contradictions et les limites de l’existence personnelle, humaine et cosmique et de s’étendre par une révolution permanente. » Judit Reigl puise toujours dans les expériences les plus profondes de son existence pour développer une réflexion très vaste et complexe sur l’humain. À la recherche d’essence et d’absolu, son œuvre témoigne de l’inconnu.
Tout gravite chez Judit Reigl. Tout se déroule dans un espace-temps aussi infini qu’indéfini. Son geste se déploie sur des toiles libérées de tout contexte, de toute temporalité, ce qui transmue ses formes abstraites ou figuratives en éléments universels. L’artiste s’exprime dans un mouvement permanent et toujours renouvelé. Ses gestes, suivant la logique de leur propre « hasard objectif », apparaissent dans ses peintures comme un équilibre entre le processus et ses intentions. Elle transforme ainsi, à la manière d’une chamane, ses conceptions humaines et métaphysiques, issues des tourments et de l’intensité de sa propre vie, en une définition cosmique.

Les oeuvres de Judit Reigl sont notamment présentes dans les collections du Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, du Musée d’Art Moderne de Paris, Musée des Beaux-Arts de Lyon et dans de nombreux FRAC et musées français ainsi que dans les grands musées du monde, The Museum of Modern Art, The Metropolitan Museum of Art, The Solomon R. Guggenheim Museum (New-York), The Albright-Knox Gallery (Buffalo), The Museum of Fine Arts (Houston), The Tate Modern (Londres), Musée national des beaux-arts, (Québec), Musée d’art contemporain de Montréal, Musée de Rimouski (Québec), Ludwig Museum of Contemporary Art, The Museum of Fine Arts et The National Gallery (Budapest).

Écriture en masse - Comment faire danser le carré, 1965, huile sur toile, 230 x 269 cm

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