(Dniepropetrovsk, Ukraine ex U.R.S.S., 1933 – Long Island, Etats-Unis, 2023)

Ilya Kabakov naît en 1933 à Dniepropetrovsk en Union Soviétique. En 1951 il étudie les arts graphiques à l’Institut Sourikov de Moscou dont il sort diplômé en 1957. En raison du climat politique, le jeune artiste n’a pas la possibilité de montrer ses œuvres au public, car seuls les artistes membres de l’Union des Artistes Soviétiques bénéficient de ce privilège.

En 1959, il devient néanmoins « candidat membre » de l’Union des Artistes Soviétiques, ce qui lui offre plusieurs avantages : un atelier, un salaire convenable et un travail en tant qu’illustrateur de livres pour enfants. En 1965, il expose pour la première fois à l’étranger, en Italie, où il présente sa Série des douches, interprétée comme une critique de la culture soviétique. Dès lors, Kabakov n’a plus le droit d’exercer et travaille par la suite sous pseudonyme.
Kabakov souhaite restituer au monde son expérience de la vie en Union Soviétique. Il tente, par des moyens très divers – albums, tableaux, installations – de raconter une histoire : celle d’une société qui aurait perdu toute notion de réel. Après avoir travaillé sur des séries de peintures grands formats, l’artiste y intègre peu à peu des textes, qui viennent enrichir le sens de l’œuvre avant de se substituer à celle-ci. De par leur caractère conceptuel, les propos dénoncent une société russe dénuée de toute logique, et dialoguent directement avec le regardeur qui se trouve décontenancé et concerné.

Au début des années 70, Kabakov rencontre Dina Vierny qui est en voyage à Moscou. Désireuse d’aider et de promouvoir des artistes ne se pliant pas à la discipline plastique imposée par le réalisme socialiste, Dina Vierny emporte dans sa valise des œuvres de Ilya Kabakov, Erik Boulatov et Vladimir Yankilevsky. Elle les expose tous trois dans sa galerie de Saint-Germain-des-Prés dans l’exposition évènement « Moscou 1973 ». En 1985, Dina lui consacre sa première exposition monographique et en 1987, Ilya Kabakov quitte définitivement la Russie. Dina Vierny lui aménage un atelier dans sa maison de campagne, où il crée en 1991 le Wagon rouge qui résume l’histoire de la Russie du XXe siècle, ainsi que l’installation Dans la cuisine communautaire, réalisée in situ et toujours conservée à la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol.
Kabakov s’envole pour New York en 1992, où son marchand Ronald Feldman présente l’installation L’homme qui s’est envolé dans l’espace – acquise quelques années plus tard par le Centre Pompidou.
Dès 1993, il développe avec sa femme Emilia, aux Etats-Unis, des installations de plus en plus complexes, célébrées dans le monde. À la Monumenta de 2014, au Grand Palais, ils construisent la ville utopique L’Étrange cité, réflexion globale sur notre manière de penser l’art, la culture, la vie quotidienne, notre présent et notre futur.

Kabakov connut un vif succès, et exposa dans les plus grands musées et manifestations du monde entier : Museum of Modern Art de New York (1991), Centre Pompidou (1996), Biennale de Venise (1993), Biennale de Whitney (1997), Garage Museum de Moscou (2008).

Ilya Kabakov meurt chez lui à Long Island le 27 mai 2023 à l’âge de 89 ans.