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André Bauchant

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(Château-Renault, 1873 – Montoir-sur-le-Loir, 1958)

André Bauchant passa toute sa vie sur sa terre natale de la Touraine. Il quitte l’école à quatorze ans pour travailler la terre dans l’exploitation familiale. Il devient par la suite éleveur, marchand d’arbres et pépiniériste, ce qui lui donnera le surnom de « peintre jardinier ».

Pendant la guerre, lui qui n’avait jamais visité de musée, ni jamais tenu un crayon ou un pinceau, a pour mission d’élaborer des relevés de terrain et d’esquisser des croquis panoramiques. C’est pour lui la révélation d’un talent qu’il ignorait : « Je dessinais les horizons avec la même facilité pour moi que d’écrire une lettre ».

Démobilisé en 1919 à l’âge de 46 ans, il retrouve sa femme privée de la raison et son exploitation horticole en friche. Il se retire alors dans les bois avec son épouse qu’il fait sortir de l’asile et commence à peindre. Ce seront dix années difficiles où Bauchant peint le matin et cultive quelques arpents de terre l’après-midi. Naissent alors des toiles empruntes de sérénité et d’histoire où se déploit une sorte d’Eden des bords de Loire peuplé de petits personnages colorés, mêlant le grotesque et le sublime.

Il expose au Salon d’Automne de 1921, et est progressivement soutenu par un cercle d’artistes et de personnalités parisiennes, parmi lesquels : Le Corbusier (qui lui achète sa première toile en 1922), Ozenfant, Lipchitz, Serge Lifar, Jean Lurçat, Diaghiliev, et Jeanne Bucher qui lui organise ses premières expositions personnelles en 1927 et 1928, où Wilhelm Uhde le rencontre et l’associe aux « primitifs modernes ».

Bauchant se voit ensuite commander en 1928 les décors de l’Apollon Musagète pour les « Ballets Russes » de Diaghiliev sur une musique de Stravinski, opéra qui sera donné en juin 1928 au théâtre Sarah-Bernhardt.

C’est le début de la reconnaissance et la fin des années difficiles. Les expositions se multiplient à travers le monde, il peut vivre de sa peinture. Il se fait alors construire une maison à Tourneboeuf et accède au bonheur. Il se voit même organiser, en 1949, une rétrospective de 215 toiles à la galerie Charpentier.

Durant les dernières années de sa vie, Bauchant peint surtout des fleurs et réalise une commande de l’Etat, un carton de tapisserie tissée aux Gobelins. Mais harcelé par la maladie, il est victime d’une congestion cérébrale qui le laisse diminué en décembre 1956. Il continue cependant de peindre jusqu’au 30 septembre 1957, tenant son poignet droit avec la main gauche. Il décède moins d’un an plus tard, le 12 août 1958.

André Bauchant est associé aux peintres dit « naïfs », que Wilhelm Uhde aimait appeler « peintres du cœur sacré ». Ce sont tous des peintres qui ont renoué avec la sincérité, la vérité et les inventions des « imagiers » qui avaient librement développé leur expression jusqu’à ce que s’impose une culture de cour puis de masse.

C’est un peintre autodidacte, qui a, à sa manière, détruit le préjugé de la maladresse, et remis en question la tradition picturale qui dominait depuis la Renaissance. Comme l’a très bien dit Dina Vierny, qui a consacré une très grande part de sa vie à défendre son travail et celui des autres naïfs, « ce sont d’abord des artistes à part entière qui renouent avec le grand art, celui du Moyen-Âge, qui préfèrent le royaume de l’instinct à l’univers de la connaissance ». Perpétuant la grande tradition de l’art français, de l’art gothique à Corot en passant par Poussin, Bauchant fascina ses contemporains parce qu’il apporta à l’art de son temps une fraîcheur oubliée des peintres de formation, à contre-courant de l’histoire formaliste de l’art moderne. Comme le dit Le Corbusier, « Bauchant, peintre-poète, parce qu’il n’a aucune préoccupation esthétique, aucun scrupule, et cette naïveté qui laisse tout oser, s’en tire à merveille, avec une habileté d’artisan qui manque trop souvent aux artistes de classes intellectuelles ». On comprend alors bien pourquoi Wilhelm Uhde qualifia ces peintres de « primitifs modernes ».

Dina Vierny a organisé de nombreuses expositions de Bauchant à la galerie et finit par acheter son fond d’atelier (à sa demande). Elle a publié en 1997 son catalogue raisonné.

Festival du village, 1948
Huile sur toile
50,2 cm x 64,8 cm

Fruits dans un paysage, 1943
Huile sur carton toilé
25,5 x 35,5 cm

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